Des frissons, mais pas de plaisir!

Cette semaine, j'avais prévu un petit article bien drôle, histoire d'oublier le quotidien si décevant du moment. Mais les éléments se sont ligués contre moi, le quotidien a encore frappé, et il n'est pas le fruit d'un dérèglement climatique!

Non, ils est plutôt la conséquence d'un dérèglement du cerveau!

Oui, je sais en ce moment, sur cette question du cerveau et de l'intelligence, il n'y a que l’embarras du choix, mais je vais vous parler de quelque chose qui m'inquiète.

Les temps seraient-ils à un retour de l'obscurantisme religieux? Non, je ne vous parle pas de l'islamisme, mais de ce qui se passe en France, initié par des "bons français bien catholique et bien de chez nous" (ça vous rappelle quelque chose?).

Voilà les faits, il n'y en a que 2 mais ils sont éloquent.

La semaine dernière, un photographe s'est fait détruire une expo photo dont le thème était le couple aujourd'hui. Les attaques étaient ciblées sur photos représentant des homosexuels, saccagées par une troupe de jeunes catho.

Cette semaine, un groupe d'obédience catholique a réussi (je serais curieuse de savoir comment) à faire annuler le permis d'exploitation publique du film récompensé à Cannes "la vie d'Adèle". Pour réévaluer son classement public. 

Un frisson d’effrois a soudain parcouru mon échine, mais dans quel pays et dans quelle époque sommes-nous?

Aux frontons des espaces publique ainsi que sur les enveloppes qui transportent les avis d'imposition et les avis de paiement des PV d’excès de vitesse, on peut lire ces 3 mots: Liberté, égalité, fraternité. J'ai appris à l'école qu'ils étaient le fondement de la république. On m'a aussi dit que l'état était laïque. Alors d'où vient cette néfaste influence? Aurait-on quelque part dans les cercles énigmatiques du pouvoir, décidé de soigner le mal par le mal, l'intégrisme par l'intégrisme?

Est-ce un obscurantisme contre un autre, un bras de fer du retour en arrière, une compétition de restrictions de liberté, un concours de puritanisme?

Je ne connais pas le film, je sais juste qu'il parle d'une histoire d'amour entre deux adolescentes et qu'il comporte quelques scènes explicites. J'ai vu tous les clichés de l'exposition photo et ils sont magnifiques.

Le réalisateur du film le prend plutôt cool et il a raison, ça lui donne un coup de pub qu'il n'attendait pas, le photographe a mis du temps pour comprendre que pour lui-aussi, le saccage allait être une bonne exposition médiatique. J'espère d'ailleurs que ça n'est pas un coup de pub virale.

Mais sur Facebook, je vois régulièrement disparaître des photos, interdites parce qu'elles montrent des couples homo, des seins, des fesses.... Je peux comprendre que ça ne plaise pas à tout le monde, que ça puisse en incommoder certains, mais dans le même temps, on vois des flingues, des slogans haineux, des morts. On ne voit pas beaucoup de film "requalifiés" parce qu'on y voit des gens se faire trucider en gros plans. Il y a parfois des meurtres dans les dessins animés que regardent les enfants.

Alors quoi, les "religieux" considèrent que le pêcher de chair est plus condamnable que le meurtre?

On préfère que les plus de 12 ans voient un homme se faire abattre d'un coup de fusil plutôt que de voir un homme nu? On tolère plus facilement l'agonie que l'extase?

Mais d'où sort-il ce puritanisme? Est-ce à force de baver d'envie sur le mode de vie américain?

Je ne comprends pas.

Ce vent de pudeur m'effraie parce que ce que mes romans, mes nouvelles sont jalonnés de sexe. Pas un sexe violent, pas de viol, rien de dépravant, ni pour les hommes, ni pour les femmes mais je me dis que si cette vague n'est pas stoppée nette, elle finira par nous éclabousser, nous, les gentils auteurs de la gaudriole. Alors que nous ne faisons de mal à personne, nous ne tuons personne, nous ne torturons personne dans nos pages, nous ne faisons que l'apologie de la douceur et du désir, de la sensualité et du plaisir. 

C'est aussi cela la France, un pays sexuellement libéré! Qu'on l'assume ou non, c'est une de nos images de marque dans le monde entier.

Et qu'on ne vienne pas me parler de fin de civilisation, je l'entends un peu trop souvent cet argument, on m'explique que la décadence des mœurs: l'homosexualité, la liberté sexuelle (??!!...) est le signe historique de l'effondrement. On argumente : dans l'histoire du monde...

Je ne suis pas agrégée d'histoire mais il me semble que c'est le renforcement excessif des pouvoir d'un homme ou d'une caste qui mène une civilisation à sa perte, pas le fait de tolérer des pratiques sexuelles dites "déviantes", pas le fait que tout le peuple jouisse d'une trop grande liberté!

Les empires s'écroulent quand plus rien ne les arrêtent, quand ils ont trop de pouvoir, quand ils sont trop puissants, c'est de la physique: quand une étoile est trop grosse, elle implose.

Les civilisations s'écroulent quand l'élite jouit d'une liberté totale au détriment du reste de la société, elles disparaissent quand il n'y a plus de liberté, et surtout plus d'égalité.

On ne ruine pas une civilisation en s'aimant, quel que soit l'objet de son amour.

Et même ce que je suis en train d'écrire est odieux. Cela suppose qu'on ait un choix, qu'un jour on se lève en se disant:"tiens, si je devenais homosexuel!"

Comment faire comprendre cela aux plus réticents?

Ben c'est simple, imaginez la situation renversée: Demain un nouvel ordre moral nous oblige, nous hétéro, à coucher, à vivre une vie entière avec quelqu'un de notre sexe, sous prétexte que c'est comme ça, ça ne se discute pas! Parce que si on peut prouver que l'hétérosexualité est naturelle, on peut aussi prouver le contraire (si, si, mon lapin a passé sa vie à sauter le lapin du voisin, c'étaient deux mâles et ils n'étaient influencés par personne, ni média, ni milieu artistique, rien!).

Imaginez, être obligés de faire semblant toute votre vie, de vous accommoder d'une sexualité qui vous révulse, parce que la société estime qu'aimer une personne du sexe opposé est pêcher, dégradant, pervers, inacceptable, honteux!

Au mieux, la société reconnaîtrait que c'est une maladie!!

C'est horrible n'est-ce pas? Et bien être homophobe, c'est imaginer que l'on a un choix, que l'on aime les personnes du même sexe parce qu'on l'a décidé un beau matin, pour faire "stylé" ou pour être à la mode, comme dirait madame Boutin.

On ne choisit pas de qui on tombe amoureux!

Arrêtez de mettre de la diablerie dans le sexe, qu'il soit homosexuel ou non. Stoppons les censeurs, les donneurs de leçons, tous ceux qui, à force de résister à la tentation de la chair quelle que soit son genre, ont perdu la raison, ont perdu le plaisir et finissent par devenir des monstres.

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