Cette page est dédiées à quelques nouvelles en fonction de l'inspiration du moment.

ATTENTION! Certains passages comportent des scènes sexuellement explicites!

Regardez bien vos carnets de naissance, vous devez avoir plus de 18 ans!

Nourêves

Ah, ah, voilà un nouveau concept, plus courtes que des nouvelles et souvent inspirées de rêves (d'où le caractère surnaturel de certaines).

Ce sont des récits courts, juste un petit exercice d'inspiration directe, au levé du lit.

La réunion

Je sais que je suis en retard et je cours presque quand je franchis la porte de l’hôtel. Je prends juste quelques secondes avant d’entrer dans le hall, histoire de souffler et de me recomposer un visage acceptable. Je dois retrouver mes camarades de collège, pas de lycée, j’insiste, de collège, c’est-à-dire, des gens que je n’ai pas revu depuis 30 ans ou plus.

Je sais que j’aurais dû refuser, mais Luc a insisté. Il ne faut pas se leurrer, pourquoi sommes-nous venus ? Je pense connaitre la réponse et elle se décline en trois possibilités :

1-      Ceux qui ont une superbe situation et qui veulent se faire mousser, surtout si, à l’époque, ils se faisaient vanner pour leur fringues ou leur dents de travers.

2-      Ceux, en principe des garçons, qui veulent revoir Nathalie Vairon, la blondinette qui les faisaient tous marcher sur la tête. Il n’y avait pas un seul gars de la classe qui lui aurait dit non, à part peut-être Alex Tama.

3-      Celles qui veulent revoir Alex Tama, les plus fantastiques yeux bleus que j’ai jamais vus. J’ai dessiné son profil grec un nombre incalculable de fois. C’était la seule excuse que j’avais trouvé pour le mater sans risquer de me faire jeter, parce que le garçon avait une conscience aiguë de son pouvoir de séduction et en abusait d’une manière éhontée.

Tout ça pour dire que peu d’entre nous seront là pour de bonnes raisons, c’est-à-dire l’amitié et l’évocation du bon vieux temps !

 Pour être honnête, le premier but de ma présence c’est d’accompagner Luc qui voudra certainement retrouver la fameuse Nathalie, quoi qu’il en dise, et éventuellement lui mettre une claque en cas de conduite déplacée. Une claque pour qui ? Je préférerais pour elle, parce qu’elle a passé quatre ans à nous piquer tous nos petits amis. Elle couchait, c’est que nous disions d’elle dans ces années-là, pour expliquer son pouvoir d’attraction édifiant. En fait, elle était juste un peu plus mature que nous, avec des formes alléchantes, et ça nous rendait dingue.

Mais pour en revenir à la claque, ça pourrait être pour Luc, s’il se comporte avec moi comme un gougeât.

Est-ce que je viens pour voir Alex ? Non, il était très con à l’époque, je ne vois pas comment, en ayant eu une carrière de footballeur semi professionnel, il aurait pu s’améliorer. Par contre, son copain Didier, lui, c’était un autre calibre intellectuel et j’adorais son sens de l’humour. Il avait des yeux bleus un peu moins turquoise, mais pas mal non-plus. Revoir Didier, ou Michel, celui dont j’étais platoniquement amoureuse, pourquoi pas ?

Mais ce sont surtout mes bonnes amies d’alors que je voudrais retrouver Sylvie et Noëlla. Je les ai perdues de vue parce que la vie m’a envoyée aux quatre coins de France. Noëlla a eu une petite fille très jeune et ses préoccupations quotidiennes ont vite été différentes des nôtres. Sylvie s’est mariée avec un abruti alcoolique et violent et nos rencontres ont étés remplacées par des excuses plus ou moins valides.

Je remets mes vêtements en place devant la baie vitrée de l’entrée. Le dress code du jour est (peut-on encore organiser un rassemblement de personnes sans se compliquer la vie ?) : Le haut ou le bas blanc, autrement dit ce que j’appelle « un demi Barclay », et comme je n’aime pas faire les choses à moitié, je suis toute en blanc, pantalon en lin, et petit débardeur en dentelle blanc neige, avec une voilette, je pourrais passer pour une re- mariée, (la mariée est en robe, la re-mariée est souvent en pantalon), mais comme je raffole de la couleur, je porte aussi un foulard rose fluo dans les cheveux, une étole vaporeuse bleu turquoise, un petit sac à main jaune d’or et des escarpins vert pomme. Mon mari m’a trouvée très «  perroquet », comme cela, mais ça rappellera des souvenirs aux copains. Si je suis trop fripée, ils m’identifieront au moins grâce à mon style vestimentaire.

Je souffle un bon coup et je me lance. Au premier coup d’œil, je pense que nous ne sommes pas très nombreux à avoir répondu à l’appel, une douzaine tout au plus, sur les trente-huit possible. Ils sont tous sagement assis dans le hall d’entrée.

Il y a deux banquettes blanches disposée en épi et ils sont là. Je les regarde attentivement et je suis très surprise. Je vois mon reflet dans le miroir du fond, et je suis encore plus surprise. Il faut croire que nous avons participé aux tests d’expérimentation d’une nouvelle crème de jour hyper performante, parce que nous avons tous le même visage qu’il y a trente ans, pas une ride, pas un kilo en trop pour brouiller les pistes.

 Ils sont huit sur le premier canapé. Pas d’Alex, pas de Nathalie, pas de Sylvie ni de Noella. Nous sommes tous venus pour rien. Ceux qui sont là sont les petits chouchous, les bons élèves, bien sages, ceux dont je n’ai pas grand-chose à faire, il faut bien l’avouer.

Sur l’autre canapé, il y a Luc, un couple d’ami d'aujourd’hui qui, eux, ont dû recevoir le placébo de la crème de jour, et un autre garçon que je ne connais pas, mais dont je vois le visage. Fait rarissime dans mes rêves, soit je connais les propriétaires de visage, soit je ne les connais pas et ils n’en ont pas, mais là, j’ai beau me creuser, je ne vois pas. Tout le monde est sur son trente et un sauf l’inconnu qui est en jean blanc, preuve qu’il est bien un invité, et torse nu. Je prends place à côté de lui, j’ai une bonne excuse, il n’y a de la place que là ; Si je commence à chercher des excuses pour m’assoir là, c’est que j’en avais une grande envie, et pas forcément pour un motif avouable.

 A côté de moi, Gégé et Dodo, les vieux, râlent parce qu’ils en ont marre d’attendre. Ne me demandez pas quoi ou qui nous attendons, je n’en ai pas la moindre idée.

Sur la banquette à côté, les ragots vont bon train : Nathalie ne serait pas venue parce qu’elle aurait une surcharge pondérale de vingt kilos ! Pour parler comme ça, je présume que Valérie Legrans, celle que nous appelions Einstein au collège est devenue médecin nutritionniste,  c’est certainement pour nous le dire qu’elle est venue !

Alex, lui, travaillerait dans les services techniques de la ville, en d’autre terme, il serait éboueur, révélation de Stéphane, dit « bouboule », pour des raisons qui sont toujours d’actualité. Stéphane lui, est adjoint au maire, c’est le patron d’Alex, il sait ce qu’il dit.

Pff ! Ils m’exaspèrent tous avec leur air suffisant, bien rangés comme des oignons dans un sillon. Luc en a marre aussi, il se lève et prend congé en maugréant. Mon voisin se lève aussi. J’ai une bonne excuse pour en faire autant…non, pas vraiment, mais j’en ai une très grande envie. Nous suivons tous les deux Luc dehors. C’est le milieu de la journée et le soleil brille. Je reconnais une rue de Lisbonne, près du parc. Je n’ai plus d’étole ni de sac à main. Je sens la chaleur des petits carreaux de faïence du trottoir brûler mes pieds nus.

C’est là que je commence à faire une fixation sur la peau nue de mon inconnu. Une peau très légèrement halée, avec quelques grains de beauté sur le flanc. Je ne vois d’abord que sa peau puis mon champ de vision s’élargit. Et non, contrairement à ce que vous pensez toutes, il n’est pas magnifiquement musclé. Non, il est presque maigre, mais avec une ossature solide. Il est large d’épaule et il a les hanches très étroites, il n’est pas musclé. Mais sa peau a l’air si douce que je ne peux pas m’empêcher de la toucher, délicatement, comme un pétale de rose. Il se laisse faire et me renvoie un sourire engageant. Luc continue à marcher devant nous, comme une locomotive, vite, il ne remarque pas que nous ralentissons.

 Nous nous arrêtons, face à face. Il me parle mais je ne me soucie pas du contenu de ses paroles, je regarde son visage triangulaire. Il a les yeux bleus foncés qui tombent légèrement sur les bords  mais avec des sourcils droits, dont un qui se soulève de temps en temps quand il parle. Ses pommettes hautes sont saillantes, son nez est droit et j’adore ses narines fines et bien dessinées, le genre qui de celles qui frémissent en cas d’émotion forte. Il a une jolie bouche, pas trop grande, surmontée d’une moustache bien taillée. Une bouche que j’embrasserais bien, avec de belles dents, et un côté qui se soulève plus que l’autre quand il sourit. Ses cheveux longs sont attachés, il est brun. Il parle doucement, au ralenti peut-être. Son regard se promène sur mon visage et je suis sure qu’il a la même envie que moi. Je cherche Luc, il a disparu.

 Nous sommes dans la foule qui nous bouscule et nous rapproche l’un de l’autre. Nous sommes au ralenti, la foule est en accéléré. Je pose ma main sur son buste à la peau fine et diaphane. Il met sa main sur la mienne et oh, mon dieu, ses mains !

Elles sont belles, avec de longs doigts aux ongles courts, bien taillés, des mains de musicien. Je suis en admiration devant elles. Il me sourit, prend ma main dans la sienne et repart vers l’hôtel. Il est très grand et je dois voler pour le suivre, comme un foulard en soie qu’il déploierait derrière lui.

Nous revenons dans l’hôtel. Les autres sont toujours là, mais nous avons bien fait de partir car ils sont à présent en train de se battre comme des chiffonniers, il y a des morceaux de mousse et de tissus partout dans le hall. Je pose mes mains sur la taille de l’inconnu, elle est fine et ferme. Je le suis jusque dans l’ascenseur.

 Je me trouve gonflée de faire ça. Il ne m’a rien demandé, j’ai laissé tomber Luc pour le suivre. Heureusement pour ma vertu, il y a deux femmes de chambres asiatiques et un cuisinier avec nous dans la cabine. Mes mains sont toujours sur sa taille et je suis face à lui. Il est sérieux et me regarde dans les yeux. Une barbe légère a poussé sur ses joues. Ses lèvres sont encore plus roses ainsi. Une des femmes de chambre chuchote à mon oreille : « calme-toi, il est gay, t’as pas vu son dernier clip ? »

Je m’en fou, je suis en train de faire des longueurs de bassin dans le bleu de ses yeux, amusés tout à coup. Je crois que je commence à vraiment avoir envie de lui, de ses longues mains sur ma peau, de ses longs bras autour de moi, de son long…L’ascenseur stoppe violemment sa fulgurante montée. Les passager descendent à l’étage suivant, j’ai affreusement envie de l’embrasser mais je ne peux pas. J’attends un signe qui ne vient pas.

Il me parle et enfin je l’entends : « allons sur le toit » !

L’ascenseur continue son chemin vers le ciel et s’ouvre dans une sorte de cave avec un sol en terre battue et des rochers. Nous descendons. Nous marchons dans une grande pièce vide, haute de plafond, en longeant les rochers humides. Je me rends alors compte que je suis en chaussettes. L’inconnu saute en contre-bas et me tend les bras pour que j’en fasse autant, mais le sol est mouillé à cet endroit. Et j’ai une très bonne excuse pour attendre qu’il me prenne dans ses bras pour m’éviter de salir mes chaussettes.

Je pose mes mains sur ses épaules, lui, les siennes sur ma taille et il me soulève pour enfin me serrer contre lui et sa peau si douce et il dépose un baiser humide sur mes lèvres, légèrement. Puis un autre, encore un autre. Je croise ses yeux qui ont tourné au vert émeraude, il les ferme et les rouvre, ses longs cils m’envoient une brise qui me fait cligner des yeux. J’aime mes mains posées sur ses hanches délicates découverte par son jean blanc. Je sens les os de ses hanches sous la peau et je rencontre son duvet. Dans ma tête je réalise « s’il a des poils c’est qu’il est hétéro ! » et j’ai une faim de lui débordante. Ma main glisse dans son jean et s’il n’est pas hétéro, c’est bien imité, me dis-je, en caressant son sexe érigé et d’une douceur étrange.

En fait, tout est doux chez lui, la peau, le sexe, le regard, les cheveux que je touche pour vérifier cette information. J'embrasse son torse glabre. Il est grand ma bouche stagne au niveau de son plexus. Je sens les battements de son cœur, ils font un bruit de percussion. A moins que ce ne soit plus loin, dehors. Il me regarde et me roule un patin mémorable. Je vois sa bouche sur la mienne comme si je me regardais faire de plus loin. Je vois sa langue m’envahir, et je la sens en même temps tourner dans ma bouche. Il change de sens, souvent, c’est profond et c’est bon. Mes deux mains glissent dans son jean et parcourent ses fesses dures.

J’ai très envie de lui, il me trouble avec son corps de fille, doux et fin.

– Viens, on y va, me dit-il avec une lueur de malice que j’interprète mal.

Nous trouvons la porte en métal qui donne sur le toit. Il la pousse, ce que j’ai pris pour les battements de son cœur, sont en fait ceux d’une batterie. Mes yeux mettent vingt ans pour s’habituer à la lumière vive de la terrasse. Quand je vois à nouveau, je découvre qu’il y a là une bonne centaine de personnes qui nous applaudissent.

Il prend la guitare qu’on lui apporte et me tend un micro.

Je reconnais les premières notes de piano et j’attaque, juste après un dernier baiser et sa langue sur mes lèvres :

My lover’s got humour

She’s the giggle in a funeral…

Knows everybody’s desapproval

I should’ve worshiped her sooner

Take me to church

I’ll worship like a dog at the shrime of your lies

And I’ll tell you my sin and you can sharpen your knive

Offer me that deathless death

 

Good god, let me give you my life

TORRIDE MOBIL!

Mon mobilhome est bizarre, grand mais avec beaucoup de couloirs, des couloirs, des portes, des chambres.

Je me fais sérieusement engueuler par mon voisin quand je tente une sortie avant qu’il ne pleuve. C’est soi-disant de ma faute si les sangliers creusent autour des mobilhomes, mais il n’explique pas pourquoi, je me tire quand même avant qu’il ne se mette à me courir après.

Je rentre dans un autre mobilhome, beaucoup plus grand, le genre qu’on ne pourrait pas transporter sur la route, donc pas très mobile comme home, mais il a quand même les roues dessous, je vérifie avant de rentrer.

Toute la famille est sur la banquette du salon, une vieille banquette de style anglais, en velours à fleurs, défoncée, comme celle qu’il y avait chez ma copine Karen. Et ils sont tous agglutinés là-dessus, comme si on ne pouvait pas s’assoir ailleurs. Je regarde autour, on ne peut pas s’assoir ailleurs.

 Sur un accoudoir, il y a Sam. Il est blond, les cheveux mi-long coiffés en arrière et il me sourit. Il a l’air désolé d’être là et heureux de me voir.

Ils sont tous très agités autour de lui, et avec des têtes de cauchemar, un peu comme dans « Délicatessen », le film de Carot et Jeunet. Je ne peux pas m’assoir avec eux, de toute façon il n’y a plus de place. Je lui tends la main et il la prend. La manière dont il la prend me laisse sans voix. Je ne vois que ma main dans la sienne, comme quelque chose de merveilleux, et il m’emmène avec lui, en faisant ce petit bruit rauque avec sa gorge. Je sais que je ne devrais pas le suivre, mais sa main est si chaude. Ma main se sent si bien dans la sienne, que je n’ai pas le cœur d’arrêter. Je n’en reviens pas qu’il ait accepté mon invitation tacite

Nous sortons du grand mobil-home pour aller dans le sien.

Il ressemble plutôt à un gros carton sur pilotis. Pour y rentrer, nous devons passer par-dessous. Il n’y a qu’un lit dans la petite pièce et il m’explique qu’il a mis des cartons sur les fenêtres pour ne pas être dérangé par les paparazzi.

Son lit est tout tordu, vrillé, comme si tous les pieds n’avaient pas la même hauteur. Il me dit que ce sont les sangliers qui creusent dessous, mais que c’est solide. Il m’embrasse. Je ne m’y attends pas, mais autant dire que je ne tente pas de le repousser. Je me dis juste que je n’en dirais rien à mon mari ! Et je lui rends son baiser comme une adolescente, longtemps, en goûtant ses lèvres amoureusement. Elles sont très douces et très humide, elles glissent sur ma bouche.

Je dégrafe sa chemise. Il est assez fin et son torse est velu, des poils blonds et frisés dans lesquels je laisse courir mes doigts avec délice. Un de ses frères, petit, brun et barbu rentre dans la pièce et nous bouscule puis ressort. Je n’ai plus de T-shirt quand nous sommes de nouveau seuls. Il me sourit, et son sourire me donne confiance. Ses yeux sont infiniment clairs et tendres.

Sa bouche s’attaque à mes mamelons qu’il suce fort, très fort mais c’est terriblement bon. Je plonge ma main dans ses cheveux pour l’encourager à continuer. Il me mordille, puis gobe entièrement les pointes sans me quitter des yeux.

Sa mère entre dans la pièce, je me retourne pour ne pas qu’elle nous voit, mais elle nous parle comme si de rien n’était. J’ai juste envie qu’elle se casse et vite. Quand elle repart, il est nu et je me couche sur son lit bancal. Il vient me rejoindre. Effectivement, rien ne casse, ça grince, ça nous fait rire, mais ça tient le coup. Le lit qui penche me fait retomber contre lui chaque fois que je bouge.

J’ai toujours mon pantalon. Il est toujours nu. Je lui dis qu’il a des fesses de folies et il se retourne pour que je puisse en profiter. Je le caresse, sa peau est d’une douceur de bébé, je n’arrive pas à m’arrêter. Il n’a pas un poil, ni dessus, ni dans la raie des fesses. Quand il se retourne, il est très excité. Son sexe est très blanc et légèrement incurvé (sort de ce corps Gaetano !) avec plein de poils blonds autour et très doux à toucher aussi. Je ne m’en lasse pas.

Cette fois, je suis nue et sa main est entre mes jambes, mais je ne sens rien. Et ça ne m’inquiète pas, je lui caresse les jambes et le sexe et je me régale vraiment. Il grogne et rien que pour l’entendre encore, je le branle un peu. Ça marche ! Il ferme les yeux et gémit plus fort.

Le plus débile de ses frères rentre à ce moment-là avec son appareil photo. Il nous mitraille. Je ne veux pas qu’il me voit et je m’enroule dans la couverture. L’autre nous prend en photo en tournant autour du lit puis s’en va.

Sam n’est pas inquiet, il n’y a jamais de pellicules dans l’appareil. Il plonge son regard dans le mien et je suis super excitée tout à coup, je le lui dis. Je lui dis que je le veux « au milieu » (on se demande bien d’où vient cette phrase !). Il rit doucement. Il comprend tout de suite et se penche pour extirper de dessous le lit, un gros carton rempli de préservatifs de toutes les couleurs et à tous les parfums. Il me dit que ce sont les cadeaux de ses fans, et qu’il en reçoit tous les jours, ça et des livres, mais il n’a jamais le temps de les lire, alors il ne sait pas de quoi ils parlent (l’angoisse de l’écrivaine est tenace !). Je fouille dans les capotes et j’en sors une qui ressemble à une papillote en chocolat, ça le fait rire, et il dit que mon choix ne l’étonne pas. Il est très beau quand il me dit ça, le petit sourire en coin au bord de ses lèvres. Je défais le préservatif, comme une papillote, le chocolat tombe dans le lit, mais ça a l’air tout à fait normal. Je le déroule sur sa queue, qui est aussi blanche mais plus droite que tout à l’heure. Je me hisse sur lui, sans tomber du lit qui penche, et je le fais rentrer en moi, d’un coup.

Il grogne encore, je l’inonde carrément et je jouis très fort, et sans bouger (c’est moi l’éjaculatrice précoce !) Je touche les poils de son torse. Il a un grain de beauté que j’embrasse. Il ressort son carton de capote et j’en choisi une à la fraise, il est ravi, il me dit qu’il a envie de ma bouche. Mais le sanglier fait du bruit dehors et je dois partir…et je me réveille, zut alors, je me demande si je n’ai pas jouis pour de vrai. Ce type est trop fort !

 

 


LE RALLYE                        10/10/2014

Parmi les nourêves, il y a aussi des nouréelles!

Histoire de vous faire partager ma passion pour le rallye automobile.

 

– Fais demi-tour, on s’est trompés de route, vite, vite !

Il coupe aussitôt la route, plonge dans un champ à gauche et repart comme un décérébré, sans dire un mot. Je préfère. C’est de ma faute, j’ai raté une indication du roadbook. J’apprécie vraiment qu’il ne me gueule pas dessus.

Nous roulons depuis quinze minutes dans le silence relatif de nos écouteurs.

– On est dans les temps ?

– J’en sais rien, envoie et te pose pas de question.

Je regarde encore une fois ma fiche de pointage, on doit être dans la zone de neutralisation à 14 h15, il est 7. Je souffle. Le bruit est amplifié par le micro, il l’entend directement dans les oreilles, mais ne dit rien, je l’entends souffler en retour. Dès que nous avons la visibilité, nous doublons deux voitures qui nous ralentissent.

– Combien, demande-t-il sans quitter la route des yeux. A la vitesse où nous roulons, il n’a pas trop le choix.

– 3 minutes, traine pas.

J’aperçois l’accès à la spéciale et je lui fais signe de tourner à gauche. 2 minutes, ça va être juste.

Nous doublons les autres concurrents qui attendent patiemment leur heure de passage et quand nous arrivons au contrôle, le copilote qui nous précède remonte dans la voiture. Je déboucle mon harnais, je m’extirpe de mon siège et je cours jusqu’à la table de pointage mon carnet à la main. Il est 15. Je fais signe à Luc de rentrer dans la zone et je balance mon carnet sur la table de pointage et criant : « le 116, je pointe à 15 ». A ce moment, le chiffre du chrono passe à 16. La commissaire lève un sourcil dubitatif, mais je dois avoir l’air d’un fauve, elle note notre numéro sur sa fiche et me fait signer une feuille. Elle note mon heure de départ sur le carnet et je me contorsionne pour remonter dans la voiture. J’ai 2 minutes pour mettre mon casque, m’harnacher, récupérer mon carnet de note et me mettre en condition de course. Nous immobilisons la voiture sur la ligne de départ. Je fais encore une fois viser mon carnet : heure de départ réelle 14 h18. Luc respire plus vite, directement dans mon oreille. Toujours la même question avant le départ :

– Des commentaires ?

Je lis ce que nous avions marqué à l’issue des reconnaissances :

– Attention aux freins dans la deuxième partie. Ne pas trop envoyer dans le rapide.

Un gros souffle me répond. Devant nous, le commissaire de départ nous montre ses dix doigts : Il nous reste 10 secondes avant le départ. Luc accélère un peu le régime moteur.

Devant le pare-brise, une seule main replie un doigt à chaque seconde. 4, 3…Luc enclenche la première…2, il accélère encore…1,0…c’est parti dans un bruit d’enfer, je rapproche le micro de ma bouche et j’annonce :

– Droite à fond, sur gauche moyen referme tard, sur droite bon, sur gauche bon, sur très long droite bon, sur attention droite dur !

La voiture me bouscule, mon casque tape fortement contre l’arceau de sécurité à chaque virage, mais vive le casque, je ne sens rien. Luc change de vitesse comme un furieux et renvoie la voiture de droite à gauche sans ménagement. Elle glisse de l’arrière, je le sens bien même si je ne vois rien. Je n’ai pas le temps d’admirer le paysage. Ça défile, vite, très vite. J’ai juste le temps de voir le virage et de lire sans perdre la cadence, en surveillant les points de repères pour être sure de ne pas me tromper de note. Je commence à avoir la bouche dramatiquement sèche, mais je continue. Les pneus sont en température. Nous glissons moins, tout du moins, nous ne glissons que lorsque Luc le décide.

Et ça va encore plus vite.

– 400 mètres, attention droite moyen, referme dur, pas corde !

Il plonge dans le virage après un freinage brutal.

– Sur gauche moyen, sur droite dur, sur attention frein épingle droite.

Les mains se croisent sur le volant et nous faisons une glissade magnifique dans l’épingle, les spectateurs exultent, je les entends, mais je continue à annoncer. Cette portion est particulièrement technique, je ne dois pas me déconcentrer.

– Gauche moyen glisse, sur droite moyen pas corde, sur attention épingle gauche.

Le moteur fait un bruit du tonnerre à chaque rétrogradage, mais ça passe. J’ai l’impression d’être dans un tambour de machine à laver, je tape partout, mais je suis cramponnée à mon carnet, j’ai parfois du mal à en tourner les pages, mais je garde la cadence. Je commence même à atteindre une sorte de sérénité. Les notes tombent bien, au bon moment, j’annonce avec un peu d’avance, un peu plus fort, et Luc accélère imperceptiblement, c’est moi qui donne le rythme et il le suit, comme un merveilleux danseur.

Nous allons vite, encore plus vite, j’en ai des frissons dans le dos, ce n’est pas de la peur, c’est du plaisir brut, de l’adrénaline en shoot dans les veines. Rien ne ressemble à ça : Le hurlement du moteur dans les oreilles, les mouvements saccadés de Luc sur le volant, la force centrifuge qui nous balade de droite à gauche et l’impression de ne faire qu’un avec le revêtement de la route, avec juste ce décrochage de l’arrière en fin de virage, comme une signature de la voiture, comme si elle nous disait « trop facile, regardez comme j’enroule ». J’entends le retour de ma voix dans les écouteurs du casque, le ton est parfait, chantant, ferme et confiant. En réponse, j’ai les soupirs et le souffle de mon pilote qui se bat avec l’asphalte.

On attaque la dernière partie, toute en descente, très rapide. Chaque freinage sollicite durement la mécanique. Entre deux notes annoncées, je surveille le voyant de température d’huile. L’aiguille flirte dangereusement avec la limite haute du cadran. L’odeur du liquide de frein vient chatouiller mes narines, je n’aime pas ça.

– Lève, on est trop chaud ! Droit bon, sur gauche moyen pas corde.

– C’est l’arrivée après le prochain gauche non ?

– J’en sais rien, droite pas corde, sur gauche moyen glisse, sur frein droite dur.

Pas moyen de faire le moindre geste et de prendre le risque de louper une note. Je ralentis un peu mon débit, mais, Luc réclame la suite :

– Après le droite ?

– Gauche bon, sur gauche moyen sur droite à fond !

Il faut qu’on arrive vite. La température d’huile est inquiétante.

– Droite, sur attention bosse en sortie pour, droite bon frein gauche dur referme tard.

Je dois contracter mes fesses pour compenser les chocs dus aux courbes serrés. Mon cou craque dans certains virages. Ça sent toujours les freins.

– 80 mètres droite bon sur attention gauche dur, ça sent les freins !

– C’est normal, ils sont en ébulition !

– 50 Mètres, gauche moyen sur droite bon, sur gauche à fond. C’est pas dangereux ?

– Ça devrait tenir !

– 30 mètres attention droite referme dur.

Je tourne ma page et je vois le panneau jaune qui annonce la ligne d’arrivée à l’horizon. La jauge est encore un peu plus dans le chaud. Mais nous passons la ligne de chronométrage et nous ralentissons enfin. Il était temps. Nous soufflons tous les deux ensembles. Il me demande :

– Ça va ?

– T’as envoyé, c’était bon !

Nous nous immobilisons devant le point stop. Le commissaire marque notre temps sur mon carnet. En même temps on nous présente un panneau avec le temps des autres concurrents. Ce n’est pas l’essentiel pour nous, mais j’ai le plaisir de lui annoncer, que nous sommes devant les autres. Nous repartons après avoir remercié l’équipe des commissaires.

Nous nous décasquons, puis nous roulons en silence, pour refroidir les freins, la surchauffe pourrait mettre le feu à la voiture.

Quand l’aiguille quitte enfin le bord du cadran, Luc immobilise la voiture et m’embrasse doucement. Quand nos lèvres se séparent, je le regarde intensément, ses yeux brillent d’excitation, j’ai une immense bouffée d’amour pour lui, ce que nous venons de vivre était exceptionnel !

– Tu as assuré comme une pro, t’as pas eu peur ?

 

– Tu, as assuré, j’ai adoré ça, je t’aime.