le sens du NON!

Que rajouter aux excellents articles écrits sur le droit au plaisir par exemple (vous savez que ma spécialité, ce n’est pas la loi ou le droit tout court, alors je reste dans mon domaine de compétence).

Je voudrais revenir sur le consentement.

Etant donné que, hélas, encore un homme sur quatre considère qu’une femme qui dit non veut dire oui, je voudrais insister sur un point.

Vous le savez peut-être, ou bien l’avez-vous déduit (c’est bien, cela prouve une certaine intelligence) que je travaille avec des enfants et de jeunes adolescents.

Et je constate une chose : l’attitude des filles est toujours équivoque, comme si elles avaient hérité d’une certaine confusion transmise de mère en fille depuis la nuit des temps.

Quand les ados jouent, les filles passent leur temps à attiser la « douce violence des garçons » pour ensuite brailler de grands NON, quand il s’agit d’être balancées dans la piscine, ou de se faire tripoter dans un coin sombre alors que de toute évidence, elles en crèvent d’envie, c'est même le but inavoué de la manœuvre (j’ai vérifié, j’ai posé la question, ne commencez pas à m'accuser de sexisme primaire!!!).

Et si l’incompréhension commençait là ?

Je vois ça, jour après jour, année après année sans que cela ne change jamais, je l’ai moi-même pratiqué étant plus jeune. Mais si, vous aussi: le brin d'herbe qu'on balance encore et encore sur le garçon qui fait mine de dormir, jusqu'à ce qu'il se lève et nous court après. Et quand il passe à l'action, nous crions de grands NON tout en ralentissant pour qu'il arrive à ses fins!

Il serait peut-être temps que cela évolue, non?

Je fais déjà le petit soldat auprès des jeunes péronnelles et la réaction qu’elles ont, me conforte dans mon discours. En effet, elles finissent souvent par m’avouer qu’elles se sont déjà retrouvées dans des situations délicates, où tout bien réfléchi, elles ne souhaitaient pas être. Les garçons ne sont pas tous gentils et ne comprenne pas tous qu'il s'agit d'un jeu. Comme les hommes qu'ils deviendront plus tard.

Pourquoi est-ce que j’insiste ?

Je vous rassure, je ne suis pas une accro des « balises américaines » en matière de séduction, je ne pense pas que l’on doive systématiquement poser la question : " est-ce que tu es d’accord pour que je t’embrasse, est-ce que tu es d’accord pour que je passe les mains sous ton T-shirt…..? »

C’est un tue-l’amour ou je ne m’y connais pas. Juste dire non lorsque nous ne sommes pas d’accord devrait suffire (et pas qu'en matière de sexe!) !

Mais il est important de casser cette forme de jeu pervers. Nous savons tous que ces jeux ne sont pas innocents, c’est un entrainement à ce qui va suivre en avançant en maturité.

Si on dit non, on exige l’arrêt du jeu, si on souhaite qu’il continue, alors on dit autre chose, mais le non est un mot sacré !

Ce qui entraîne un deuxième problème : que penserait-on de la fille qui dirait oui !??

Imaginez que  votre jeune Lily-Rose allume un garçon (ben oui, c’est une sorte de séduction à peine dissimulée) et que le grand dadais finisse par répondre à ses sollicitations. Supporteriez-vous qu’elle s’exclame : "Oui, va-y, j’ai envie que tu me chahutes ! » ?

Pas sûr !

Vous auriez honte, vous vous diriez que votre fille est dévergondée, trop chaude, pas le genre de fille que vous avez éduquée….

Et le paradoxe, c’est que si un jour cette fille se fait violer (parce qu’une fille qui assume de dire oui, c’est super excitant), tout le monde en déduira que ça lui pendait au nez, vue son attitude !

Alors que faire ?

Leur apprendre le non politiquement correct, celui qui veut dire oui, mais qui ne nous fait pas passer pour des Marie-couche-toi-là, ce non qui espère que monsieur ira plus loin, ce non qui nie le non et qui nous maintient dans un état passif ?

Cela sous-entend que certains hommes (les plus frustrés, les moins expérimentés, les plus impatients) continueront à penser, à raison, que non, parfois, ça veut dire oui.

Ou bien leur apprend-on à assumer leurs désirs et à dire leur réelle envie ?

Au risque d'attirer les comportements déplacés de certains, qui ne comprennent pas que oui à Michel, ce n'est pas forcément oui à Matthieu.

 

La démonstration est claire, la journée du droit des femmes a de beaux jours devant elle, les inégalités en matière de désir sont nombreuses et loin de trouver une réponse favorable dans notre société, même dans nos pays dits civilisés.

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Commentaires: 1
  • #1

    Laure (lundi, 12 décembre 2016 22:11)

    Très intéressant cet article ma chère Lili. J'aime que tu amènes la question de la fille qui dit "oui" et ce qu'elle projette.