Attachée au poil!

Je vais régulièrement dessiner dans un atelier de modèles vivants. La dernière séance m'a ravie car pour une fois nous avions un modèle masculin. Vous me connaissez maintenant et vous imaginez à quel point j'attendais cela avec impatience. J'en avais les mains tremblantes, à tel point que je ne choisis pas le fusain pour commencer de peur de tout salir au lieu de croquer proprement, c'est vous dire!

Je n'ai pas vu entrer le garçon et les premières pauses étaient assises ou de dos. A moi le bonheur de varier les courbes: la tendresse et la fragilité d'un sein cédait la place à la force et aux lignes brisées par la tension d'un muscle. Quel plaisir mes amis, votre Lili était aux anges!

Mais quand soudain il accéda à ma demande de pauser debout et face à moi, mon crayon m'a glissé des doigts!

Je ne suis pas une oie blanche, loin s'en faut, mais pour la première fois de ma vie, je me retrouvais devant un sexe d'homme totalement épilé!

Certes le monsieur n'avait aucun complexe à se faire sur la beauté de son membre (que j’appréciais à sa juste valeur) mais ne plus trouver à cet endroit la moindre ombre, le moindre duvet m'a totalement déroutée. En fait, il n'avait de poils que sur les jambes.

D'autres images sont alors revenues à ma mémoire: toutes les photos que je partage avec vous et d'autres, ici même, ces belles photos de mâles beautés. Et bien oui, eux-aussi sont majoritairement épilés. 

Mais pourquoi?

Pourquoi priver les garçons de ce viril attribut?

Pourquoi nous priver, nous, les tendres femelles, de l'envie de fourrager sur leur poitrine, de perdre nos ongles caressant dans leur toison odorante?

Où sont passées les moquettes ostentatoires qui dépassaient de l'échancrure des chemises, les broussailles arrogantes fièrement arborées sur les plages l'été? Sacrifiées au nom du "propre", de l’hygiénique, du net, qui sent bon la savonnette!

Veut-on éloigner de notre conscience notre appartenance au règne animal?

Le filles, ça n'a en principe pas trop de poils, d'accord, cela fait des siècles que nous luttons dans la douleur pour les soustraire à votre vue. Poussant parfois le vice jusqu'à tous les faire disparaître, y compris les légers buissons qui validaient la teinte de nos cheveux. C'est la tendance du moment, je n'approuve pas mais admettons, les femelles humaines sont glabres.

Mais un homme, génétiquement, naturellement, symboliquement, ça a des poils! Alors pourquoi les lui confisquer?

Sans conserver "l'homo oursus" ( trop de poil, tue l'envie de poil, j'en conviens) mais le strict minimum, à savoir un duvet entre les pectoraux, la ligne sombre ou dorée si sexy qui part du nombril pour guider notre curiosité plus bas, c'est criminel de la retirer!

Les poils stockent les odeurs, les filtrent et les aèrent. Non, ça ne sent pas mauvais! C'est là que se cache notre carte d'identité olfactive, celle qui fait que l'on reconnait son compagnon les yeux fermés, cette senteur qui nous excite inconsciemment, qui déclenche l'envie de se donner mutuellement du plaisir. Ce ne sont pas nos parfums gavés d'essences synthétiques qui parlent en direct à nos cellules, ce sont les phéromones et c'est dans les poils qu'elles sont les plus actives.

Alors messieurs, ne cédez pas à cette mode néfaste pour notre désir, lâchez vos rasoirs, foutez la paix à votre toison de mâle. Toilettez-la si vous voulez, limitez-en l’expansion lorsqu'elle est trop envahissante mais ne laissez pas les diktats de l'esthétisme moderne vous désexuer.

Les hommes et femmes du futur, à la peau aseptisée finiront par ressembler les uns aux autres, par ne plus susciter le moindre désir de copulation. la reproduction de l'espèce aura lieu in vitro. Ainsi dégagés de nos vils instincts, nous seront encore plus contrôlables, dirigeables, corvéables...voilà peut-être le sujet de mon prochain roman d'anticipation!

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Commentaires: 1
  • #1

    Lyselotte (dimanche, 23 avril 2017 15:44)

    Entièrement d'accord avec toi ! un homme sans poils c'est comme des fraises sans chantilly, comme un cassoulet sans saucisses, une pute sans sac à main dirait mon frère qui est un grand poète.