La chasse au téton!

    Il y a quelques jours, je sirotais ma tisane au gingembre devant une des séries proposées sur une des chaines gratuites de la télévision nationale, une histoire de fille tatouée de secrets. Et voilà que je recrache mon breuvage en suivant les images. Dans l’histoire, il est question d’une nuit d’amour torride. La scène stoppe le soir, juste après le premier baiser.

Déjà, j’avoue que j’en aurais aimé un peu plus mais, admettons, c’est une intrigue policière pas une romance.

La scène suivante, c’est le réveil matinal des deux protagonistes, le lendemain de la fameuse nuit torride. Les bras m’en sont tombés, l’acteur masculin était vêtu d’un pantalon de pyjama et d’un T shirt et l’actrice d’un débardeur et d’une culotte, et ils portaient tout cela sous les draps !!! Alors soit les apparts américains sont très mal chauffés, soit on nous prend pour des imbéciles.

Les américains auraient le super pouvoir de baiser tout habillés ? Existe-t-il des fringues "spécial baise" avec des trous aux bons endroit, vous savez, comme les chemises de nuit du moyen âge, avec une fente pour sortir Popol et une autre pour l'accueillir? C’est quoi cette connerie ! Le héros du futur s’appellera-t-il « Super Puritainix », et il apparaîtrait pour coller les gommettes sur toutes les images un peu olé-olé  ?

Mon œil éveillé par cette incongruité, partit en vadrouille pour les besoins de l’enquête et le résultat est très inquiétant. Finis les tétons aperçus au détour d’un rhabillage, plus de fesses, et bien évidemment plus de quéquette ni de chatounette dévoilés au gré de la vie quotidienne de nos héros, rien, nada, à moins de choisir un film des années 70 ou 80 !

C’est quoi le problème ? Pourquoi montrer un corps nu serait aujourd'hui à ce point choquant ? Choquant pour qui ?

Pour les enfants m’a-t-on répondu au détour de l’article parlant de livres censurés par l’éducation nationale, sous prétexte qu’on y voit un zizi ou un sein.

Mais qui a décrété qu’un corps nu pouvait être choquant et pourquoi le serait-il ?

J’oubliais de préciser que les héros de ma série, celle de miss tatoo, étaient réveillés par un appel les invitant à retrouver une scène de crime. Et là, j’ai droit à un gros plan de la tête du cadavre baignant dans sa flaque de sang, plan fixe de plusieurs secondes afin de ne rien rater des morceaux de matière cérébrale éparpillés par la violence du choc (au prix où ils payent le maquilleur, autant nous en faire profiter longuement). Mais bien évidemment, ça, ça n’est pas censé nous choquer !

Dans quel monde vivons-nous ? Oui, je sais, j’enfonce des portes ouvertes, mais pas assez apparemment, si j’en juge par la soumission générale à ces nouveaux critères de censure.

Même dans les films de "culcul "de la chaîne 17, le dimanche soir (non, je ne tombe pas dessus par hasard) : que voit-on ? Des seins de femmes, des fesses de femme, des débuts de chattes mais rien, aucune partie d’homme, une demi fesse tout au plus, pas l’ombre d’une trompe au repos ou en action. Interdit au moins de 16 ans me répond-on ! Et alors ? Le sexe d’un homme est-il plus pornographique que celui d’une femme ?

Qui a décidé cela ? De quoi ont-ils peur ?

J’imagine que c’est une excellente idée de priver les enfants de toutes représentations sexuelles. Autant les laisser découvrir ce monde effrayant par eux-même, en visionnant clandestinement des pornos sur internet, dès qu’ils seront seuls devant un ordi, à 8 ou 10 ans. Ou bien laissons tonton Paul jouer au docteur avec la petite sœur, qui ne dira rien, parce qu’elle ne sait pas ce qui lui arrive, et ça, c’est bien pratique pour Tonton !

 Laissons-les avec des questions sans réponses, insurgeons-nous dès qu’il est question de "genre" à l’école, avec la menace de zizis en peluche et de zezettes en feutrine, défilons dans les rues en montrant du doigt les zomos qui veulent se marier et avoir des gosses.

Je mélange tout ? Pas sûr.

Cette montée de l’intégrisme me fait peur. Ah non, non, je ne parle pas de burkini, je parle de cette poussée de puritanisme qui ronge notre société, tout doucement, sans attirer l’attention. 

 

"Couvrez ce sein que je ne saurais voir,

par de pareils objets les âmes sont blessées,

Et cela fait venir de coupables pensées."

 

Molière dénonçait déjà le puritanisme dans le Tartuffe en 1664 et nous revenons en arrière? Nous voilons les seins, cachons les bites, dissimulons les fessiers!

Que souhaitons-nous ?

Revenir à une société où tout ce qui a trait au sexe est diabolique ? Combien de temps resterons-nous sans réactions devant les photos publiées sur Facebook et autre Twitter, agrémentées d’étoiles ou d’éclats lumineux pour ne pas dévoiler le bout de chair compromettant ?

Nous voulons une société laïque ? Mais voyons voir, qui véhicule l’idée que le sexe est sale, honteux et qu’on ne doit surtout pas le montrer ? Combien de temps encore allons-nous traumatiser le monde avec ces principes d’un autre temps ?

 

La liberté n’est-elle pas l’étendard le plus fiable contre l’obscurantisme ?

 

Oui, ma démonstration est simpliste, aussi simpliste que les conditions d'utilisation des réseaux sociaux: des gamins qui massacrent l'un d'entre-eux à coups de pied: oui, une photo d'homme nu sexe apparent: non!

C'est normal, ils craignent les abus! Evidemment, les gosses qui en massacrent un autre dans la cour de récré, ce n'est pas un abus! Une scène de viol, filmée avec complaisance, au détour d'un long métrage: si les acteurs sont habillés, ce n'est pas un abus

 

Bien sûr, il y a des risques de dérapage ou de sexisme éhonté, je suis d'accord, mais le fait d'être à poil change-t-il le propos? Ces risques disparaissent-ils avec des images bien proprettes de gens bien habillés?

Ça se saurait.

Le sexe nous détourne du droit chemin, du travail, de la rentabilité, de la guerre, il est gratuit (la majeure partie du temps)… S’il ne fait plus peur, imaginez la pagaille : on aura tous envie de se faire du bien, de s’aimer…

Et ça, la « world company » n’apprécie pas. Non, quand même, ça ne peut pas être ça la raison !

 

Vous avez raison, ma démonstration est simpliste.